Philippines – Présentation du pays

Bienvenue aux Philippines

Après avoir visité la Chine,  je me suis arrêté 15 jours à Hong Kong pour réclamer un visa touriste auprès du consulat du pays. Si au consulat de la Chine l’ambiance est plutôt glaciale (ou plutôt il n’y en a pas), celui des Philippines est très amicale, et tout le monde discute avec tout le monde y compris avec l’administration. Bref, me voilà déjà chaleureusement accueilli par le pays, d’autant que les formalités administratives sont assez réduites. Le bonus : un Français peut rester dans le pays 3 ans sans sortir, aucune paperasse à fournir, aucune question posée, on donne les sous et vous avez votre extension de visa en moins d’une heure !

Un saut en avion au dessus de la mer de la Chine du sud et 2 heures plus tard, Manila et ses bidonvilles vous accueillent dans la pollution et les embouteillages. Si les Philippines sont surtout connues pour la beauté de ses paysages, la vie des Philippins est nettement moins connue car la plupart des visiteurs se contentent de survoler le pays à toute vitesse et ne découvrent pas l’âme du pays. Mais, pour celui qui a du temps comme moi, cela devient possible ; d’autant que la plupart des Philippins parlent anglais. Je vous parlerais donc du pays dans sa globalité et moins de ce que j’ai fait au jour le jour.

Les Philippines sont un archipel de plus de 7100 îles (~2000 habitées), situé à 1200 km des côtes vietnamiennes, à 1500 km au nord de l’Equateur (de Manila), qui s’étend du nord au sud sur 2000 km et d’est en ouest sur 1300 km. Le climat est tropical, la saison va de janvier à juin, et la saison des pluies de juillet à décembre avec un passage fréquent des typhons entre mai et novembre. La température moyenne est de 25 degrés toute l’année (varie entre 20 et 50 degrés).

Quelques dates importantes

  • Fin du XIVème siècle : arrivée de l’Islam dans les Iles Sulu, Mindanao puis le reste du pays ;
  • 1520-1521 : Magellan traverse l’océan Pacifique, de la Terre de Feu aux Philippines ;
  • 17 mars 1521 : le portuguais Ferdinand de Magellan arrive sur l’île d’Homonhon et découvre les Philippines ;
  • 31 mars 1521 : entrée du christianisme avec une première messe catholique sur l’île de Limasawa ;
  • 27 avril 1521 : bataille de Mactan (en face de Cebu). Magellan attaque les indigènes et meurt au cours de la bataille d’une flèche empoisonnée ;
  • 1565 : l’espagnol Miguel López de Legazpi arrive aux Philippines. Début des premières colonies espagnoles ;
  • 1571 : les Espagnols instaurent leur suzeraineté aux Philippines, Manila devient la capitale ;
  • 1897 : guérilla menée par Emilio Aguinaldo, un philippin révolutionnaire ;
  • Avril 1898 : les Etats-Unis déclare la guerre aux Philippines après s’être entendu avec Aguinaldo exilé à Hong-Kong ;
  • Mai 1898 : les Etats-Unis coulent la flotte espagnole ;
  • Août 1898 : Manila tombe aux mains des Américains ;
  • 1901 : fin de la guérilla antiaméricaine aux Philippines et capture d’Aguinaldo ;
  • 1916 : signature du Philippines Autonomy Act ;
  • 1934 : la loi Tydings-McDuffie pose les bases pour l’accession de l’archipel à l’indépendance, avec une Constitution à l’américaine et après une période transitoire de dix ans ;
  • 1935 : adoption de la nouvelle constitution ;
  • 8 décembre 1941 – 6 mai 1942 : les Japonais envahissent le pays ;
  • 1943 : les Japonais proclament la république dans le pays ;
  • Octobre 1944 : bataille de Leyte. Les Américains écrasent les Japonais ;
  • 4 juillet 1946 : indépendance des Philippines ;
  • 1965-1986 : présidence de Ferdinand Marcos ;
  • 2001-2010 : présidence de Gloria Arroyo ;
  • 2010-2016 : présidence de Benigno Aquino III ;
  • 2016 : élection à la présidence de Rodrigo Duterte.

La colonisation espagnole a principalement développé la religion catholique en construisant des églises et en développant les communautés religieuses ; la colonisation américaine a développé l’économie du pays (électricité, infrastructure…) et répandu l’usage de l’anglais dans le pays. La langue officielle (parmi 90 langues) est le tagalog (tagal) parlé par ~70 % de la population, suivi du bisaya (~30 %). L’anglais est parlé à plus de 90 %.

La population

C’est le pays des enfants heureux et malheureux, la moitié de la population à moins de 18 ans ! C’est tout simplement incroyable.

De 8 millions d’habitants en 1900, à 20 millions en 1950, à 47 millions en 1980, à 77,6 millions en 2000, à 93,4 millions en 2010, il y en a 102 millions en 2016. Soit une augmentation de 1275 % sur un peu plus d’un siècle. La projection pour 2045 est de 142 millions !

33,71 % ont entre 0 et 14 ans, 19,17 % entre 15 et 24 ans, 38,86 % entre 25 et 54 ans, 5,89 % entre 55 et 64 ans, 4,38 % au-delà de 65 ans. La parité homme-femme est équilibrée. L’espérance de vie est de ~70 ans.

C’est un peuple simple et curieux. Ils sont pour moi comme des petits enfants qui vivent au jour le jour sans trop se soucier de l’avenir, ni de s’attarder sur le passé et qui gobent tout ce qu’on leur donne en bien et en mal (de moins en moins au fil du temps) ; alors, comme tous les petits enfants, s’ils font de belles choses ils en font aussi de mauvaises. Pour moi, ce pays a encore besoin d’être gardé et/ou aidé par de bons tuteurs (et non des dictateurs), afin d’aider ce pays à grandir normalement sans accroître les inégalités. Pour les chrétiens, c’est la parabole du bon berger qui prend ici tout son sens ; sauf qu’en réalité, il y a des loups féroces déguisés en brebis dans le troupeau ; et bien souvent le berger manque à l’appel pour garder son troupeau et protéger les plus faibles. Donc, surtout ne pas se fier aux apparences.

Les Philippins sont plutôt de petites tailles (un classique en Asie), donc tout est à la taille des Philippins : des petites portions dans les plats, des petits sièges dans les bus ordinaires (3 Philippins = 2 Occidentaux), presque aucune place pour ses affaires dans les transports en communs bondés (un sac à dos de 50 l est la taille limite à ne pas dépasser), 10 kg de bagages en soute pour les vols intérieurs (sans supplément), des petites recharges téléphoniques aux coûts exorbitants, des petits retraits dans les distributeurs de billets… et un coût de la vie que je situe entre l’Inde et la Thaïlande (donc à petit prix pour les pays comme la France).

Manila

L’économie

Il y a les (très) riches et les (très) pauvres, il n’y a pas vraiment de classe intermédiaire. La pauvreté est liée à la corruption qui ravage le pays et qui pénalise donc les plus faibles, 21,6 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Pour avoir une vie de subsistance (manger), une famille de 5 enfants doit gagner au minimum 6300 pesos par mois et plus de 9000 pesos par mois pour une vie normale (se vêtir, se loger, se déplacer…) selon l’autorité des statistiques du pays.

Par-dessus la pauvreté, le pays s’occidentalise très bien dans les villes, la société de consommation gagne la vie des Philippins à grands pas dans toutes les villes : des centres commerciaux par dizaines, des fast-foods par centaines, des magasins d’électroniques (smartphones, ordinateurs….) à tous les coins de rues, le gaspillage alimentaire et surtout le gaspillage d’argent pour des choses qui ne sont pas essentielles.

Si en Inde, les visiteurs sont marqués par la pauvreté, ici on voit les inégalités dans les villes de façon encore plus criante que l’Inde qui n’est pas encore  « tombée » dans la société de consommation et l’on traverse les bidonvilles plus facilement (parfois sans même s’en rendre compte à Manila).

Du coup, pour améliorer le niveau de vie, nombreux sont les Philippins qui laissent la famille sur place pour aller travailler à l’étranger pendant plusieurs années. Lorsque j’étais à Hong Kong, j’ai croisé beaucoup de femmes qui travaillent dans une famille comme domestique ; en plus d’être logées et nourries, elles étaient aussi rémunérées (équivalent de 38 000 pesos par mois). Avec toute l’épargne accumulée pendant 15 ans, cela permet à la famille de se construire une maison puis d’ouvrir un commerce dans le pays pour continuer à vivre.

Les Philippins vivent à 70 % de l’agriculture et sont les champions dans la culture du tabac, de la noix de coco, de l’ananas et de la banane. Vient ensuite l’industrie des semi-conducteurs, du ciment, du textile, du verre et des produits chimiques. Et enfin, les services avec les centres d’appels téléphoniques.

La pauvreté, la violence et la corruption dans un pays catholique

Voici une remarque importante qui m’a habité durant tout mon séjour aux Philippines : nous sommes dans un pays catholique. Tout l’enseignement de Jésus est porté sur le soin de son prochain, ne pas lui faire de tord, pratiquer une justice équitable, le don de soi, le partage des ressources… Bref, Dieu a donné aux Chrétiens des principes moraux et éthiques qui sont bon pour l’homme puisque donné par Dieu lui-même (en gros, tout est concentré dans les 10 commandements). Alors, comment se fait-il que le pays soit ravagé par une si grande pauvreté, qu’il y ait un si haut niveau de corruption et qu’il y ait tant de violence extrême ? En quoi l’Eglise catholique a-t-elle pêché pour en arriver à la situation désastreuse d’aujourd’hui ? C’est une grande question pour moi en tant que catholique pratiquant dans un pays convertit au catholicisme depuis… 1571 (vous trouverez des éléments de réponse dans cet article).

El Nido

Le tourisme

Contrairement à d’autres pays d’Asie qui développent le tourisme à outrance (quitte à sacrifier leurs cultures et leurs traditions pour de l’argent), tel que la Thaïlande, le Cambodge et la Chine, ici le tourisme en est à ses balbutiements. En fait, l’on vient aux Philippines pour ses magnifiques paysages (plages, volcans, montagnes, spots de plongées) et moins pour ce qui est culturel (monuments, anciens quartiers, anciennes constructions…) car presque tout a été détruit par les guerres successives. Il y a donc l’œuvre des hommes d’une laideur incroyable (les bidonvilles, les infrastructures en mauvais états, la pollution, les déchets…),  au milieu de l’œuvre de Dieu (la nature) ; le contraste est très saisissant. Cela dit, je pense que 95 % du pays est à l’état naturel (bien préservé et globalement propre), et 5 % de laideur concentrée à Manila et Cebu (je n’ai visité que ces 2 grandes villes).

Comment se pratique le tourisme ?

Globalement, sur les lieux où le gouvernement développe le tourisme, les prix sont élevés compte tenu du niveau de vie local (les Philippins et les étrangers paient en général le même prix) ; mais, les prix sont ridicules comparés à d’autres pays tel que l’Inde (qui a un niveau de vie plus bas), pour voir des paysages encore plus beau. D’ailleurs, la Chine à bien compris cela, en facturant des droits d’entrées exorbitants pour aller admirer la nature qui ne coûte rien presque rien au pays.

Ici, le gouvernement facilite l’accueil des visiteurs sur son territoire, mais sans prendre les moyens de développer les infrastructures qui vont avec pour assurer un minimum de sécurité. Donc, si l’on souhaite se promener dans la nature, un guide est obligatoire (en plus des taxes) même sur de courtes distances et même sur un chemin balisé qui ne présente aucun risque. Je comprends que le guide soit important pour aller en montagne (car tous les chemins sont à l’état naturel et c’est dangereux pour celui qui ne connaît pas les lieux), mais pas pour se promener sur un chemin fréquenté régulièrement par les locaux. La raison officielle, c’est pour notre sécurité ; mais officieusement c’est plutôt pour créer des emplois. Tout cela est valable pour les lieux touristiques. Mais, si vous allez juste à côté et que vous prenez un chemin sans passer par l’entrée officielle, où que vous allez dans un endroit non touristique, comme par hasard, les questions de sécurités ne se posent plus (non, les visiteurs sont loin d’être idiots pour mettre leur vie en danger).

Mais, alors à quoi servent les taxes si chèrement payées, si les sommes ne sont pas investies pour développer les infrastructures et la sécurité des visiteurs lors de la visite d’un lieu ? A alimenter la corruption ? Surtout, ne croyez pas que les locaux voient leur niveau de vie s’améliorer de façon notable…

Faut-il visiter tout le pays ?

La réponse est clairement non, car les paysages ne sont vraiment pas variés. En fait, en allant à une dizaine d’endroits bien ciblés, l’on a une idée assez précise des paysages de tout le pays et de sa richesse ; c’est ce que j’ai essayé de faire une faisant une boucle, sans trop dépenser d’argent et en évitant les touristes !

Les transports

Se déplacer dans un archipel prend du temps, beaucoup de temps à cause de nombreux facteurs humains (travaux, mécanique, matériels…) et climatique. Régulièrement, on ne sait pas quand on part et quand on arrive. Quant aux informations sur les retards ou les annulations, c’est quasi-inexistant. Bref, ne pas être pressé et limiter les réservations sont les règles d’or pour se déplacer :

  • Le réseau routier : c’est un vaste réseau qui permet de se déplacer en jeepney, bus, minivan, sur les axes importants à l’intérieur d’une île ; toutefois, certains bus desservent plusieurs îles tel que le Manila-Davao. Les routes en 2 voies sont simples, bétonnés (le bitume est quasi inexistant), avec des travaux réguliers pour refaire les portions de routes endommagées (= bouchons). Les bus sont ordinaires ou climatisés, les minivans qui roulent toujours trop vite sont toujours climatisés et les jeepneys pour voyager à mode philippine. La vitesse moyenne est de 30 km/h, de temps en temps de 40 km /h et rarement au dessus de 50 km/h ;
  • Le réseau maritime : le bateau (de la petite banca au gros ferry qui transporte de la marchandise et des véhicules) est indispensable pour passer d’une île à l’autre sans prendre l’avion. Si l’on reste sur un axe important, la traversée se fait presque sans attente (= plusieurs bateaux par jour) ; sinon, c’est aléatoire avec de 1 bateau par semaine à 2-3 par jour. Le climat variant assez souvent, il arrive que les bateaux soient annulés fréquemment à la dernière minute à cause de mauvaises conditions météorologiques ou bien pour une autre raison. Il n’y a pas de moyen pour savoir en avance si un bateau est annulé, il faut se rendre sur place. Bref, il faut toujours être souple et ne jamais rien prévoir à l’avance. La vitesse moyenne est de 20 km/h et de 40 km/h pour les bateaux rapides ;
  • Le réseau aérien : c’est le moyen le plus rapide et le plus coûteux pour aller sur n’importe quelle île habitée avec une escale obligatoire à Manila ou à Cebu. L’énorme avantage comparée au bateau, et que même si le climat devient mauvais, c’est plus facile pour avion de s’échapper d’un d’endroit que pour un bateau.

Naga

Les religions

Les pratiques religieuses en Asie du sud-est sont principalement l’hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme ; tout le reste (christianisme, islam….) est en minorité religieuse. Si l’islam est prédominant en Malaisie et en Indonésie, les Philippines est le seul pays d’Asie où les catholiques prédominent à 80 %. Enfin, plus de 80 % se disent catholiques, mais seulement 40 % sont pratiquants (islam 5,6 %, Iglesia ni Cristo 2,45 %). J’étais donc content de pouvoir aller à la messe sans faire des dizaines de kilomètres, car il y a vraiment des églises catholiques un peu partout dans le pays, y compris dans les villages reculés. Si les catholiques sont bien présents, les chrétiens non catholiques sont aussi bien représentés avec une grande variété de courants disons « protestants ». Je dis « protestant » pour vous donner une référence sachant que personne ne se dit protestant mais plutôt chrétien. Et si j’insiste pour en savoir plus, j’arrive à savoir qu’ils sont baptistes, pentecôtistes…

Petit rappel du protestantisme : si les catholiques s’appuient sur la Bible et la tradition pour enseigner et transmettre la foi et la bonne nouvelle, les protestants ne s’appuie que sur la Bible. Donc, tout ce qui n’est pas écrit dans la Bible est rejeté et plus particulièrement l’autorité du pape qui agit au nom du Christ, la Trinité et la transsubstantiation (se sont les points de discordes majeurs avec les catholiques).

L’entrée du christianisme aux Philippines

Fernao de Magalhaes (Fernand de Magellan en français, Fernando de Magallanes en espagnol), né en 1480, est un explorateur portugais connu pour être le premier à avoir effectué la première navigation de l’Europe vers l’Asie par l’ouest (donc traversé l’océan Pacifique via la Terre de Feu). Partit d’Espagne le 10 août 1519, il arriva le 16 mars 1521 sur l’île d’Homonhon, à l’est des Philippines. Le 31 mars 1521, la première messe catholique fut dite sur l’île de Limasawa faisant entrer de fait le christianisme dans le pays. La deuxième messe fut dite à Cebu et l’explorateur mourut le 27 avril 1521 d’une flèche empoisonnée lors d’un combat contre les indigènes sur l’île de Mactan (en face de Cebu).

Durant la colonisation espagnole de 1571 à 1898, des missionnaires et des communautés religieuses catholiques sont venues en masse prêcher la bonne nouvelle et baptiser les Philippins. Le christianisme a débarqué au pays 5 ans après le schisme des protestants en 1516.

2 églises nées aux Philippines

  • L’Iglesia ni Cristo (Eglise du Christ) : né en 1886 près de Manille, Felix Y. Manalo quitta son métier de fabrication de chapeau avec sa femme en 1913, pour aller prêcher la parole de Dieu aux travailleurs philippins d’une compagnie locale. A la suite de cela, certains furent baptisés et devinrent les premiers membres de l’Eglise du Christ. L’Eglise du Christ fut reconnue par le gouvernement philippin en 1914. Après le décès de Felix, ses enfants continuèrent son œuvre et l’Eglise du Christ pris une ampleur phénoménale, se répandant dans le monde entier. Reconnaître une église du Christ est assez simple aux Philippines : elles sont généralement bleues ou roses avec toujours la même architecture. Cette église est comme toutes celles issues du protestantisme : elle ne jure que par les écrits de la Bible.
  • L’Iglesia Filipina Indepediente (Eglise indépendante des Philippines) : cette Eglise est née le 3 août 1902, durant les conflits entre la colonisation espagnole et les Américains ; où des Philippins patriotiques se débâtirent pour obtenir une démocratie nationale. Cette église n’existe qu’aux Philippines, elle est gouvernée par un évêque. Elle est quasiment identique à l’église catholique sauf qu’elle ne reconnaît actuellement pas l’autorité du pape, ni les choses qui ne lui plaisent pas dans la doctrine catholique et que les prêtres peuvent se marier. Elle croit en une église indivise et espère un jour revenir dans l’église catholique. L’intérieur de cette Eglise est 100 % identique à celle de l’Eglise catholique avec un drapeau du pays en plus.

Manila

L’Eglise catholique

Etant pratiquant moi aussi et aimant beaucoup tout ce qui concerne le domaine religieux, une de mes grande attente dans ce pays était de voir comment les fidèles vivent leur foi catholique. Eh bien, ce sont des gens pieux, qui ont un grand amour pour les saints et pour Dieu ; les fidèles n’hésitent pas toucher toutes les statues qu’ils trouvent, le tabernacle ainsi que le Saint Sacrement. La génuflexion et la prosternation sont quasi-inexistantes (comme partout en Asie), les fidèles se courbant légèrement le dos pour la marque de respect à Notre Seigneur.

Les messes sont en rite romain (comme en Europe), avec les points suivants pour chaque messe de tous les jours (que je n’ai pas tous constaté dans les pays que j’ai visité précédemment) : lecture des intentions de prières de la messe, procession d’entrée (et de sortie quand il y en a une) avec tous ceux qui interviennent durant la liturgie, un kyrie et la formule d’absolution remplace presque toujours le « je confesse à Dieu » (à croire que les Philippins sont tous des saints), intentions de prières, quête, procession des offrandes (pain, vin, objets divers mais, dans certaines églises, le plus important sont les offrandes financières), bénédiction (avec parfois de l’eau bénite) pour ceux qui ont apporté les offrandes et les fidèles applaudissent à fin de la messe (très important).

La moitié de la population du pays à moins de 18 ans, il y a donc beaucoup de prêtres jeunes ; certains sont même curés de (petites) paroisses dès 34 ans. Idéal pour permettre à la population des zones reculées d’avoir la messe sur place.

Contrairement à la France bien paganisée, ici l’église catholique est vraiment partout : des églises avec au moins un prêtre même dans les lieux un peu reculé, une chapelle pour l’adoration du Saint Sacrement ouverte tous les jours du matin au soir pour les églises importantes et dans certains centres commerciaux il y a même, une boutique religieuse ainsi qu’une chapelle pour l’adoration du Saint Sacrement. Dans la rue, l’on voit régulièrement des références chrétiennes sur tous types de supports (jeepney, mur, enseigne…) ainsi qu’un rappel des 10 commandements donné par Dieu à l’entrée des écoles catholiques ! Ici, chacun respecte la pratique religieuse de l’autre et personne ne s’en cache.

Le service des laïcs

Pour soutenir la présence de l’Eglise catholique partout dans le pays, les prêtres sont aidés en masse par les fidèles laïcs. Le service des laïcs est très développé à tous les niveaux surtout en ce qui concerne la liturgie et l’accueil : service du lectorat et de l’acolytat (hommes), service d’autel (principalement les hommes mais aussi les femmes dans certaines églises), service quête, service entretien de l’église… Certains font même partie de confréries dédiés au service de l’Eglise. Lors des messes dans les églises importantes, il y a souvent des processions assez longues car tous ceux qui servent près de l’autel à un moment donné font partit de la procession, même s’ils restent dans l’assemblée durant l’office. Et dernière petite chose : tous ceux qui servent sont très bien habillé : pantalon et tunique blanche (ou aube) pour les hommes, aube (ou jupe en dessous des genoux) et souvent voile en dentelle pour les femmes.

Si ici les laïcs sont très bien intégrés à la vie de l’Eglise, les prêtres ont une fâcheuse tendance à se prendre pour des pachas et à trop déléguer au point d’en faire le minimum (donner les sacrements). En tout cas, c’est vraiment l’impression que cela donne vu de l’extérieur : le prêtre est celui qui passe le moins de temps dans l’Eglise à prier, à accueillir, il passe toujours son temps à donner des ordres… bref, il ne montre pas vraiment l’exemple comme Jésus l’a fait (enseigner et montrer l’exemple de façon visible). Ici, le prêtre est très respecté, ce qui lui donne une certaine classe sociale et je dirais même aussi un certain prestige (c’est « classe » dans un pays pauvre…).

Lorsqu’il n’a pas de prêtre pour dire la messe, il arrive régulièrement qu’un ministre organise une célébration officielle dans l’Eglise qui ressemble très fortement à une messe. En fait, le ministre prend le missel romain et « joue » le rôle du prêtre (sans les habits sacerdotaux) pour la première partie de la messe (liturgie de la parole) : cierge d’autel allumé, procession d’entrée, s’installe à coté de l’autel, reprend toutes les paroles réservées au prêtre et dit une homélie. La deuxième partie de la messe (liturgie de l’eucharistie), le ministre se réduit à prendre la réserve d’hosties et à donner la communion en ayant dit le Notre-Père et l’Agnus Dei auparavant. Il n’y a pas de renvoi de l’assemblée mais une procession de sortie. Je n’ai jamais vu cela en dehors des Philippines, comme s’il y avait une nécessité impérieuse de donner la communion, au lieu d’apprendre aux Philippins à offrir ce sacrifice de ne pas pouvoir communier physiquement mais spirituellement.

Les messes sont dites en tagalog ou en bisaya (selon les endroits) et régulièrement en anglais. Ne croyez pas que les messes en anglais soient dites pour les étrangers, mais uniquement pour permettre aux Philippins de pratiquer cette langue ; cela fait partie de l’éducation scolaire où les écoles mettent le paquet sur l’anglais.

Les œuvres de charité

Pour la partie moins visible vu d’un étranger : je sais que l’église fait beaucoup de choses pour les plus défavorisés, mais découvrir cela est pour moi compliqué. En fait, c’est très difficile de s’insérer dans la vie locale dans les grandes villes (Manila, Cebu…) sauf si l’on prépare les choses avant : chacun vaque à ses occupations, l’accueil et l’information sont quasi inexistants. Si vous demandez des informations pour rendre service, faire quelque chose personne ne saura vous renseigner car personne ne connaît rien en dehors de chez lui et il n’existe pas un service d’informations unifié au niveau national, ni au niveau local. Par contre, à la campagne, les rencontres sont beaucoup plus faciles et l’on est bien accueilli (mais ce n’est pas pour autant que j’ai rendu service). Donc pour rendre service et faire quelque chose de bien, il faut être très motivé et ne pas désespérer car c’est un long chemin à parcourir (je reviendrais sur ce point dans un autre article).

L’accueil des étrangers

D’une façon générale, les Philippins sont très chaleureux, souriant et très accueillant. Toutefois, dans les églises catholiques, c’est loin d’être une généralité : l’accueil des étrangers est quasi-inexistant ; l’église est pour moi enfermée sur elle-même dans ses œuvres de charités locales. Si j’ai pu faire de belles rencontres avec des prêtres et des fidèles, c’est uniquement parce qu’ils étaient disponibles pour me recevoir. Mais, l’église ne fait presque rien, surtout dans les lieux touristiques, pour accueillir les étrangers qui rentrent dans une église ; c’est tout simplement incroyable pour une église qui se dit universelle (catholique).

L’évangélisation

Contrairement à d’autres pays tel que la France, ici l’Eglise catholique n’évangélise pas dans les rues, ni n’organise des rassemblements religieux pour prier tous ensemble lors d’une grande fête telle que la Toussaint ; excepté lorsqu’il y a des traditions très locale tel que la procession du Christ dans les rues de Manila ou bien la marche pour la vie. En fait, j’ai l’impression qu’il y a des lacunes importantes et un manque de rigueur dans l’enseignement de la foi catholique, car lorsque je regarde et discute avec les Philippins (en dehors du clergé), ils ont l’air de pratiquer quelque chose sans savoir comprendre réellement ce qu’ils font.

Mais bon, les lacunes de l’Eglise catholique sont rattrapées par les chrétiens non catholiques qui mettent le paquet sur l’évangélisation et l’accueil (avec du bon et du moins bon).

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